Le Château de Montréal

Il y a dit la légende, mille et un châteaux au Périgord. Un certain nombre de ces forteresses sont construites à l’écart des grandes routes touristiques. Accessibles au public, elles méritent largement le détour, malgré leur aura relativement confidentielle. C’est le cas du château de Montréal, sur le territoire d’Issac, aux portes de la forêt de la Double. Ouvert au public depuis 1991, il multiplie les particularités.

Le château de Montréal surplombe la vallée de la Crempse, il mélange influences féodales et Renaissance. Classé Monument Historique, cette demeure privée, meublée et habitée a été construite au XIIème siècle et modernisée au XVIème siècle. On peut y découvrir trois salons : le premier du XVIIème siècle est de style Louis XV, il possède de nombreux portraits périgourdins de famille. Le second du XVIIIème siècle, de style Louis XVI contient un beau mobilier, plusieurs tableaux dont un portrait de Louis XIV, un autre de Louis XV et au centre Henri Bretin qui était ministre du roi dont le cadre illustre sa carrière : des fruits et des légumes, une mappemonde et un cheval. Dans le troisième salon de style Empire on peut observer un tableau représentant la bataille de Khalenberg au cours de laquelle en 1683 les turcs furent repoussés devant Vienne capitale de l’Empire des Hasbourg. Enfin, on peut voir une bibliothèque circulaire comportant plus de 1500 livres dans la tour d’angle.

Sous la forteresse on accède par un magnifique escalier du XIIème siècle au souterrain, il y a une salle voûtée avec des arcs gothiques et une grotte naturelle à concrétions, elles témoignent que le sous-sol calcaire du Périgord est riche en cours d’eau souterrains qui ont au cours des siècles creusés de nombreuses galeries. Ces caves devaient servir de lieu de refuge et de réserve, il y a deux passages secrets : l’un conduisait au village d’Issac à deux kilomètres de là et l’autre mène à la salle de garde devenue la chapelle.

La transformation de la salle de garde en chapelle est illustrée par la croix en biais qui trône en haut de la chapelle. Elle est désaxée, il a fallu adapter la position de la croix au bâtiment initial pour qu’elle soit en direction de Jérusalem. La chapelle a été construite au XVIème siècle pour abriter « la Sainte-Epine », relique qui fut recueillie sur le corps du général Talbot, tué à la bataille de Castillon en 1453, ce fut un lieu de pèlerinage pendant très longtemps. Elle possède également une statuaire exceptionnelle, représentant les douze apôtres, ainsi que les propriétaires du XVIème siècle. La lumière extérieure qui traverse le vitrail donne aux sculptures des couleurs arc-en-ciel. Une plaque à l’honneur de Claude de Ponbriand, Seigneur de Montréal qui était le 03 octobre 1535 au côté de Jacques Cartier sur les rives du Saint-Laurent lorsque le navigateur atteignit une bourgade indienne appelée Hochelaga et qui allait devenir la 2ème ville française du monde.

Les remparts de Montréal perdant leur utilité militaire, furent progressivement plantés de jardins. A l’extérieur des remparts, le parc comporte une très belle charmille dessinée en étoile, replantée après les destructions de la tempête de 1999. A l’intérieur des remparts se trouves « un jardin bas » à l’italienne, planté d’Ifs et d’hibiscus syriacus blancs et mauves, un jardin à la française sur deux terrasses, l’un avec des roses, des Nepeta et des sauges bleues, l’autre avec des dahlias rouges et jaunes et un petit jardin décoré avec des fascines existe aussi.

Beaucoup de murs sont couverts de roses grimpantes anciennes de couleur blanche ou jaune. Le jardin de Montréal qui ajoute une forte note végétale à une architecture très minérale et contribue au charme de l’endroit est classée « jardin remarquable » par le Ministère de la culture.